25 ans du Génocide

Rwanda : Célébration de la journée de réflexion sur le génocide des Tutsis à l’UNESCO

Reconciliation et Miséricorde, 9 avril 2019

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Le 9 avril 2019, l’UNESCO a célébré la journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda : il y a 24 ans que, dans l’indifférence générale, un million de femmes, hommes et enfants sont tués par leurs propres “frères” pour avoir la seule “faute” d’être nés Tutsi. La cérémonie a vu la présence et intervention d’Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, et S.E. M. Jacques Kabale, Ambassadeur et Délégué permanent de la République du Rwanda auprès de l’UNESCO.

Après la Shoah, le monde croyait avoir laissé derrière les crimes contre l’humanité. En fait l’histoire se répète et se répétera, comme nous verrons avec le génocide en Bosnie les années suivantes. Pourtant il y a l’urgence de toujours faire mémoire.

La 25e commémoration a commencé dans le hall de la salle I du siège de l’UNESCO : des panneaux illustraient l’histoire du génocide des Tutsis par les Hutus une histoire de haine alimentée dans les cœurs des hommes par une idéologie raciste. Une vidéo introductive avec des petites interviews nous laisse ces constats : le génocide commence dans les mots, dans les écoles.

Mme Azoulay a dénoncé l’indifférence de la communauté internationale, ce qui a prolongé le massacre ; elle a fait appel à un engagement collectif pour faire mémoire et la transmettre aux générations prochaines. Pour cela, il faut un travail pour rappeler et éduquer, un “travail de vérité” pour communiquer le génocide pour le prévenir.

Ensuite dans une atmosphère chargée d’émotion, une procession et des chants rwandais ont invité à faire réfléchir sur un passé signé par la cruauté sans espoir. Dans son intervention, l’Ambassadeur du Rwanda a posé les interrogations suivantes : “Dieu, où était-il ?”. “Est-ce que nous nous sommes suffisamment mobilisés contre le racisme, le terrorisme, la banalisation du génocide ?” - continue l’Ambassadeur - c’est là que l’UNESCO peut jouer un rôle crucial en construisant la paix dans les cœurs des hommes et des femmes, par exemple par les biais de l’éducation. Il nous laisse une bonne nouvelle, en informant qu’au Rwanda la réconciliation donne des fruits, grâce au dialogue, à la justice, à la tolérance et à la solidarité.

Par son témoignage, Jeanne Allaire, une rescapée du génocide, a bouleversé le public entier : Elle a montré des photos apparemment banales avec des membres de sa famille. « Mais, en fait, c’est là la face du génocide » alerte-t-elle. « Le génocide passe par l’effacement de tout ce que tu aimes, ta famille, ta maison, ta mémoire, ta beauté. » Finalement elle nous raconte une histoire étonnante à propos de son père, qui a demandé de l’aide aux casques bleus. Ceux-ci lui auraient répondu : “Nous ne pouvons pas parce que nous avons pas de mandat”. Quelques jours après son père a été tué.

En commentaire, Il n’y a pas de réponse rationnelle et humaine exhaustive en face de la question « Dieu était où ? », mais la foi chrétienne peut donner une réponse au sens salvifique de la douleur qui témoigne de la présence du Christ sur la croix, comme nous explique le Pape Jean Paul II dans l’encyclique Salvifici doloris.
« « Parmi les nombreuses réponses offertes par la science, la philosophie, les religions, et face à la tentation de croire qu’il n’existe aucune réponse, sinon l’absurdité de la souffrance et de la mort, la proposition chrétienne invite tout être humain à surmonter le risque du vide existentiel en recherchant un sens à donner à la souffrance inéluctable qui s’incarne dans la condition humaine : en assumant la vie comme une mission, en donnant une perspective de valeur et de sens à la souffrance et à la mort, au lieu de subir la situation comme une fatalité (Mgr Francesco Follo) » »

voir les articles sur le sujet :
Colloque : "La douleur : énigme ou mystère"
Organisé par la Mission du Saint-Siège auprès de l’UNESCO et le Conseil Pontifical pour la pastorale des Services de la Santé à la Maison de l’UNESCO, le 10 décembre 2003 :
https://assau.org/colloque-la-douleur-enigme-ou

Encyclique "Salvifici doloris" par le Pape Jean-Paul II publiée le 11 février 1984
https://assau.org/l-encyclique-salvifici-doloris

Sans se laisser engloutir par un sentiment de désespoir, il faut faire appel à un mandat qui doit pas rester seulement écrit, le mandat de la paix, qui engage individuellement et collectivement afin de pouvoir faire mémoire et enseigner à respecter la diversité pour un vivre-ensemble pacifique.

Ce jour de commémoration a représenté un premier pas de réconciliation.

voir aussi les articles suivants sur la culture paix en Afrique :

Culture de paix en Afrique
UNESCO Culture de Paix en action 2012-2017
Nouvelle édition numérique 2018
https://assau.org/unesco-culture-de-paix-en-action

Culture de paix en Afrique
UNESCO : Publication Actes du Forum Panafricain « Sources et ressources pour une culture de la paix » Luanda (ANGOLA) 2013
Pape Benoît XVI : Exhortation apostolique "AFRICAE MUNUS" 2011
https://assau.org/unesco-publication-actes-du-forum

Article rédigé par Deborah VERALDI