Conférence pour la sauvegarde du patrimoine culturel dans les zones de conflit

À Abou Dhabi, les 2 et 3 décembre 2016

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La Conférence pour la sauvegarde du patrimoine culturel dans les zones de conflit a eu lieu les 2 et 3 décembre 2016 à Abou Dhabi. Sous le haut patronage de l’UNESCO et en étroit lien avec elle, la Conférence a été organisée conjointement par la France et les Émirats Arabes Unis. Son but principal a été réfléchir et mettre en action des initiatives concrètes pour la prévention, l’intervention et la sauvegarde en situation d’urgence et la réhabilitation post-conflit.

Face à l’urgence, notamment au Proche-Orient, cette initiative forte et de très haut niveau vise à
-  mobiliser la Communauté internationale afin de déboucher sur des propositions concrètes,
-  lancer un fonds de 100 millions d’USD, dont un tiers financé par la France
-  mettre en place un réseau internationale de refuges qui accueillent temporairement, à la demande des Etats concernés, des bien culturelle menacés par des conflits armés ou à des actes terroristes,
-  adopter une déclaration politique et non contraignante à ce sujet.
Tout ça en valorisant UNITE4HERITAGE qui est un mouvement mondial porté par l’UNESCO dans le but de célébrer et sauvegarder le patrimoine et la diversité culturels dans le monde entier. Lancée en réponse aux attaques sans précédent dont le patrimoine a récemment fait l’objet, cette campagne appelle chacun à s’élever contre l’extrémisme et la radicalisation en célébrant les sites, les biens et les traditions culturelles qui font toute la richesse et la vitalité de ce monde.
En effet, bien plus que de simples pierres et édifices, le patrimoine bâti représente un lien précieux avec notre histoire et une composante essentielle de notre identité en tant qu’individus. Au-delà de la protection offerte par les conventions en la matière, l’UNESCO œuvre avec ses partenaires pour suivre et évaluer l’état du patrimoine en péril à travers le monde.

Le Pape François a montré son support à cette conférence internationale.
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En savoir plus :
Patrimoine Mondiale culturel et naturel
Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel

La Conférence générale de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) réunie à Paris du 17 octobre au 21 novembre 1972, en sa dix-septième session, a voté la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.

Cette Convention considère comme « patrimoine culturel » :
- les monuments : œuvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentales, éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions, grottes et groupes d’éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science,
- les ensembles : groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science,
- les sites : œuvres de l’homme ou œuvres conjuguées de l’homme et de la nature, et zones incluant des sites archéologiques, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique. (Art. 1)

Comme « patrimoine naturel » :
- les monuments naturels constitués par des formations physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou scientifique,
- les formations géologiques et physiographiques et les zones strictement délimitées constituant l’habitat d’espèces animale et végétale menacées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation,
- les sites naturels ou les zones naturelles strictement délimitées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science, de la conservation ou de la beauté naturelle (Art. 2)

À l’article 11 la Convention établit que :

chaque fois que les circonstances l’exigent, sous le nom de « Liste du patrimoine mondial en péril », une liste des biens figurant sur la liste du patrimoine mondial pour la sauvegarde desquels de grands travaux sont nécessaires et pour lesquels une assistance à été demandée aux termes de la présente convention. Cette liste contient une estimation du coût des opérations. Ne peuvent figurer sur cette liste que des biens du patrimoine culturel et naturel qui sont menacés de dangers graves et précis, tels que la menace de disparition due à une dégradation accélérée, à des projets de grands travaux publics ou privés, au rapide développement urbain et touristique ; la destruction due à des changements d’utilisation ou de propriété de la terre ; les altérations profondes dues à une cause inconnue ; l’abandon pour des raisons quelconques ; un conflit armé venant ou menaçant d’éclater ; les calamités et cataclysmes, grands incendies, séismes, glissements de terrain ; les éruptions volcaniques ; la modification du niveau des eaux, les inondations, les raz-de-marée. Le Comité peut, à tout moment, en cas d’urgence, procéder à une nouvelle inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril et donner à cette inscription une diffusion immédiate.

Donc la Liste du patrimoine mondial en péril est conçue pour informer la communauté internationale des conditions menaçant les caractéristiques mêmes qui ont permis l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine mondial et pour encourager des mesures correctives
Aux termes de la Convention de 1972, un bien du patrimoine mondial répondant à la définition des articles 1 et 2 de la Convention peut être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril par le Comité s’il juge que la situation de ce bien correspond au moins à l’un des critères dans l’un ou l’autre des cas décrits ci-dessous (paragraphes 179-180 des Orientations) :
Les conflits armés et la guerre, les séismes et autres catastrophes naturelles, la pollution, le braconnage, l’urbanisation sauvage et le développement incontrôlé du tourisme posent des problèmes majeurs aux sites du patrimoine mondial. Ils peuvent mettre en danger les caractéristiques pour lesquelles un site a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Ces sites en danger peuvent être en situation de « péril prouvé », quand il s’agit de menaces imminentes spécifiques et établies, ou en situation de « mise en péril », quand ils sont confrontés à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur leurs valeurs de patrimoine mondial.
Plusieurs initiatives ont été mise en place par l’UNESCO e par les Pays Membres pour
-  Financer des initiatives qui visent la protection des sites en peril.
-  Permettre une Gouvernance qui renforce la Convention et l’on ne reste que à des consultations et informations.
-  Renforcer la capacité des Etats à intervenir pour prevenir, mitiger et recupéer le bien culturels menacés par des conflit armés
A partir du 2003 le fond ad hoc pour ça a permis le lancement du programme de Réponse aux Emergence Culturelles pour soutenir les Pays concernés et les aider à sauvegarder leur sites en péril. Comme exemple assez récent (2012) on rappelle la mise en sécurité d’une des plus grande collection de manuscrits islamiques anciens, celle de Tombouctou au Mali.

Pour les biens culturels
Péril prouvé
Le bien est menacé par un danger prouvé, précis et imminent, tel que :
• altération grave des matériaux ;
• altération grave des structures et/ou du décor ;
• altération grave de la cohérence architecturale et urbanistique ;
• altération grave de l’espace urbain ou rural, ou de l’environnement naturel ;
• perte significative de l’authenticité historique ;
• dénaturation grave de la signification culturelle.
Mise en péril
Le bien est confronté à des menaces graves qui pourraient avoir des effets nuisibles sur ses caractéristiques essentielles, menaces telles que :
• modification du statut juridique du bien, de nature à diminuer le degré de protection ;
• carence d’une politique de conservation ;
• menaces du fait de projets d’aménagement du territoire ;
• menaces du fait de plans d’urbanisme ;
• conflit armé venant ou menaçant d’éclater ;
• impacts menaçants de facteurs climatiques, géologiques ou d’autres facteurs environnementaux.
Pour les biens naturels
Péril prouvé
Le bien est menacé par un danger prouvé, précis et imminent, tel que :
• un déclin sérieux dans la population des espèces en danger ou des autres espèces d’une valeur universelle exceptionnelle pour la protection desquelles le bien concerné a été juridiquement établi, déclin dû soit à des facteurs naturels, tels que la maladie, ou à des facteurs humains, tels que le braconnage ;
• une grave altération de la beauté naturelle ou de l’intérêt scientifique du bien, résultant, par exemple, d’un établissement humain, de la construction de réservoirs d’eau entraînant la submersion d’une surface importante du bien, d’aménagements industriels et agricoles, tels que : grands travaux publics, exploitation minière, pollution, emploi d’insecticides ou d’engrais, exploitation des forêts, collecte de bois de chauffage, etc. ;
• l’empiétement d’établissements humains sur les limites ou en amont de biens dont ils menacent l’intégrité.
Mise en péril
Le bien est confronté à des menaces graves qui pourraient avoir des effets nuisibles sur ses caractéristiques essentielles, menaces telles que :
• modification du statut juridique protégeant le bien ;
• projets de réinstallation de populations ou de développement concernant le bien lui même, ou situés de telle façon que leurs conséquences menacent le bien ;
• conflit armé venant ou menaçant d’éclater ;
• plan ou système de gestion manquant, inadéquat ou incomplètement mis en œuvre ;
• impacts menaçants de facteurs climatiques, géologiques ou d’autres facteurs environnementaux.

L’inscription d’un site sur la Liste du patrimoine mondial en péril permet au Comité d’accorder immédiatement au bien menacé une assistance dans le cadre du Fonds du patrimoine mondial.
Elle alerte également la communauté internationale dans l’espoir que celle-ci se mobilise pour sauver les sites concernés. Elle permet aux spécialistes de la conservation de répondre efficacement à des besoins spécifiques. En fait, la simple perspective d’inscription d’un site sur cette Liste est souvent efficace et peut déclencher l’adoption rapide de mesures de conservation.
L’inscription de tout site sur la Liste du patrimoine mondial en péril exige du Comité qu’il élabore et adopte, en concertation avec l’Etat partie concerné, un programme de mesures correctives et qu’il suive ensuite l’évolution de l’état du site. Tout doit être fait pour restaurer les valeurs du site afin de permettre son retrait de la Liste du patrimoine mondial en péril dès que possible.
L’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril n’est pas perçue de la même manière par toutes les parties concernées. Certains pays demandent l’inscription d’un site pour focaliser l’attention internationale sur ses problèmes et obtenir une assistance compétente pour les résoudre. D’autres, cependant, souhaitent éviter une inscription qu’ils perçoivent comme un déshonneur. Le classement d’un site en tant que patrimoine mondial en péril ne doit en tout cas pas être considéré comme une sanction, mais comme un système établi pour répondre efficacement à des besoins spécifiques de conservation.
Si un site perd les caractéristiques qui lui ont valu d’être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, le Comité peut décider de le retirer à la fois de la Liste du patrimoine mondial en péril et de la Liste du patrimoine mondial. A ce jour, il a été amené à appliquer cette disposition des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial à deux reprises