Message de Sa Sainteté le Pape au Directeur général de l’UNESCO pour la journée internationale de l’alphabétisation
Une école pour le troisième millénaire : Message de Jean-Paul II à Federico Mayor Zaragoza pour la journée de l’alphabétisation
Castel Gandolfo, 28 août 1999
Accueil > Actualités > Une école pour le troisième millénaire : Message de Jean-Paul II à Federico (...)
En vue de la journée internationale de l’alphabétisation, le Pape Jean-Paul II adresse au Directeur général de l’UNESCO ses vœux pour un troisième millénaire sans analphabétisme. Au passage, il évoque le problème de l’analphabétisme des femmes. Après avoir saluer le rôle de l’UNESCO, il signale le rôle essentiel de l’école, et plus particulièrement de l’école catholique.
À Monsieur Federico Mayor Saragoza,
Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture,
À l’occasion de la trente-troisième journée internationale de l’alphabétisation, organisée par l’UNESCO, je tiens à rendre hommage aux hommes et aux femmes qui, au cours des âges, ont aidé leurs frères à acquérir les éléments fondamentaux du savoir : il faut saluer particulièrement les enseignants qui, sur tous les continents, s’appliquent à former les jeunes et les adultes, avec persévérance et efficacité. Je voudrais aussi rappeler la mission exercée par de nombreux laïcs, religieux et religieuses, pionniers de l’instruction populaire, qui ont été, dans l’exercice de leurs fonctions, des témoins du Christ, en éveillant les intelligences et les consciences.
Au cours des dernières décennies, il convient de reconnaître le rôle de premier plan qu’a joué, en relation avec d’autres organismes internationaux, l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture, qui a multiplié ses efforts pour faire face à la grave situation d’analphabétisme dans le monde. En donnant à chaque être humain les moyens d’accéder à une culture générale, l’UNESCO lui offre ainsi la possibilité de mener une existence digne, de prendre en charge son avenir et d’exercer sa part de responsabilité au sein de la société. La lutte contre l’analphabétisme est le chemin obligé du développement des personnes et des peuples, qui reçoivent ainsi des outils de réflexion et d’analyse, et qui peuvent se défendre plus aisément contre les discours sectaires, intégristes ou totalitaires. Il est donc hautement souhaitable que se poursuivent avec succès les actions entreprises, qui nécessitent une coordination toujours plus intense des efforts nationaux et internationaux.
À l’aube du troisième millénaire, j’invite tous les peuples à s’unir pour lutter contre l’analphabétisme, qui est un lourd handicap pour une part importante de l’humanité, notamment les femmes et les filles. En effet, jusqu’à une période récente, deux tiers des illettrés étaient des femmes et 70% des enfants non scolarisés sont des filles. Dans ce domaine aussi, il est important de supprimer les disparités, ce qui est un des objectifs de la convention de l’UNESCO :
Assurer à tous le plein et égal accès à l’éducation, la libre poursuite de la vérité objective et le libre échange des idées et des connaissances (Préambule de l’Acte constitutif).
Une telle entreprise de lutte contre l’analphabétisme suppose l’engagement du corps enseignant, dont il convient de reconnaître et de valoriser la fonction, faisant en sorte que ceux qui exercent cette activité se sentent estimés et soutenus dans leur remarquable métier de transmission des connaissances, des valeurs fondamentales et des raisons de vivre.
L’école est appelée à être de plus en plus accueillante aux enfants, quelles que soient leur origine et leur condition sociale, en portant une attention toute particulière aux plus pauvres, aux victimes de la violence et de la guerre, aux réfugiés et aux personnes déplacées. Elle doit se préoccuper toujours davantage, par une pédagogie adaptée et une attention aux cultures locales, de développer les talents et d’éveiller les consciences des élèves, ainsi que de prendre soin des jeunes qui sont inadaptés au système scolaire.
Pour sa part, poursuivant la mission que lui a confiée le Christ, l’Église souhaite continuer à participer à l’éducation des jeunes et des adultes, aux côtés des hommes et des femmes de bonne volonté. L’école catholique est un instrument de choix, qui permet aux enfants de recevoir, en plus de l’enseignement, une formation religieuse et catéchétique qui les aidera à approfondir leur foi, à découvrir le Christ, qui veut aider l’homme à parvenir à sa pleine stature d’adulte. Dans une société en quête de sens, l’école catholique est appelée à diffuser avec clarté et vigueur le message chrétien, tout en respectant ceux qui ne partagent pas ses convictions mais qui souhaitent cependant bénéficier de ses méthodes d’enseignement. Soucieuse d’apporter sa contribution à la relation entre l’Évangile et les cultures, l’école catholique situe le savoir dans l’horizon de la foi, pour qu’il devienne une sagesse de vie et qu’il conduise les hommes au vrai bonheur, que Dieu seul peut donner.
À l’aube d’une ère nouvelle, je me réjouis de l’œuvre accomplie par l’UNESCO, en coopération avec tous les États membres. J’invoque le soutien des bénédictions divines sur vous, Monsieur le Directeur général, et sur l’ensemble des personnes qui, en participant à la mission de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture, sont au service de l’humanité.