Message de Sa Sainteté le Pape au Directeur général de l’UNESCO pour la journée mondiale de l’alphabétisation
De « nouvelles énergies » pour l’alphabétisation : Message de Paul VI à Amadou-Mahtar M’Bow pour la journée mondiale de l’alphabétisation
Rome, 30 août 1977
Accueil > Actualités > De « nouvelles énergies » pour l’alphabétisation : Message de Paul VI à (...)
À l’occasion de la prochaine journée de l’alphabétisation, le 8 septembre, le Pape écrit au Directeur général de l’UNESCO, et célèbre les hommes et les femmes qui se sont levés pour l’alphabétisation. Il réitère notamment sa proposition d’un fond international « alimenté par une partie des dépenses militaies, en vue de venir en aide aux plus déshérités ».
Monsieur le Directeur général,
Dans l’effort de libération et de développement intégral et solidaire des hommes et des peuples, l’alphabétisation demeure une tâche privilégiée. Grâce à l’initiative et aux efforts persévérants de l’UNESCO, elle a désormais sa Journée annuelle : la célébration de ses réussites et des valeurs personnelles et sociales qu’elle promeut, contribue à l’approfondissement de convictions et à l’éveil de nouvelles énergies, génératrices de nouveaux progrès. C’est de tout cœur que Nous nous associons à cette fête, conscient du service que, au nom du Seigneur Jésus et de son inépuisable bonté pour tous les besoins des hommes, Nous devons à la famille humaine toute entière.
Il est juste de célébrer d’abord ces hommes et ces femmes innombrables qui, au prix d’efforts particulièrement méritoires, veulent apprendre à lire et à écrire. Ils s’ouvrent par là des possibilités irremplaçables pour prendre une conscience plus claire de ce qu’ils vivent et de ce qu’ils sont, pour communiquer entre eux et participer plus activement à la vie sociale et à ses transformations, pour découvrir d’autres cultures et se rendre davantage présents à l’aventure de toute la famille humaine. On souligne légitimement de nos jours la nécessité de construire un nouvel ordre mondial sur le fondement de la participation responsable de tous : l’alphabétisation, non seulement par son résultat, mais déjà par l’expérience qu’elle constitue, met en mouvement la foule immense des déshérités et les prépare à apporter de précieuses réserves de créativité à l’œuvre commune.
II est juste aussi de célébrer ceux qui, au sein de chaque peuple et entre les peuples, s’engagent à aider cet effort de leurs frères. La mise en relief de leur exemple devient un appel lancé à tous les hommes de bonne volonté, en faveur d’une action toujours plus large et mieux soutenue contre la grande misère de l’analphabétisation, qui, en dépit des progrès réalisés, demeure un problème très préoccupant. Que d’hommes et de femmes, jeunes et adultes, pourraient en effet entrer dans ce vaste mouvement, sans doute avec des moyens modestes, et à partir de motivations simples. Mais en demeurant fidèles à ces motivations, ils comprendront d’eux-mêmes qu’à travers la communication d’un savoir, ils font une expérience humaine, susceptible de les transformer à leur tour, au contact de ceux qu’ils aident et qui manifestent très souvent des richesses étonnantes de courage et d’émerveillement. Ils acquièrent ainsi une sensibilité nouvelle qui leur apprend à respecter, avec le tact qui naît de l’amitié, des personnalités désireuses d’approfondir leur propre identité, à l’instant même où elles découvrent des horizons insoupçonnés.
L’UNESCO se préoccupe de recueillir ces expériences spontanées, de les inviter à se confronter, d’affiner les pédagogies qui leur assurent plus d’efficacité et les prémunissent contre les découragements et les déviations. Elle s’efforce d’appeler sans cesse de nouvelles forces au service d’une tâche dont l’ampleur augmente d’année en année, et de faire converger les moyens financiers indispensables.
Nous avons Nous-même demandé naguère dans notre Discours aux journalistes, à Bombay, que l’on constitue un fonds mondial, alimenté par une partie des dépenses militaires, en vue de venir en aide aux plus déshérités : un tel fonds devrait servir, notamment, à la tâche prioritaire de l’alphabétisation. Et l’expérience séculaire de l’Église n’a cessé de favoriser l’accès à la lecture et à l’écriture, afin de permettre au grand nombre de développer leur personnalité et leur culture, de les féconder par l’ouverture au patrimoine commun de l’humanité.
Il Nous revient d’inviter spécialement les catholiques à s’unir à tous les hommes pour célébrer la Journée internationale de l’alphabétisation, dans l’action de grâces et dans l’émerveillement devant les progrès déjà réalisés. Et Nous prions Dieu pour que l’initiative de I’UNESCO, à laquelle, Monsieur le Directeur général, vous apportez un dévouement tenace et inventif, libère de nouvelles énergies pour une entreprise particulièrement accordée à la promotion de l’homme et de la fraternité entre les hommes.