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Sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO : Le lieu de naissance de Jésus : l’église de la Nativité et la route de pèlerinage, Bethléem

02 Juillet 2019 Bakou, République d’Azerbaïdjan

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Auteur : Lucia Iglesias
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L’UNESCO communique ce qui suit :

Le Comité du patrimoine mondial réuni à Bakou depuis le 30 juin a décidé de retirer le Lieu de naissance de Jésus : l’église de la Nativité et la route de pèlerinage, Bethléem (Palestine) de la Liste du patrimoine mondial en péril.

Pour motiver sa décision, le Comité a salué la qualité des travaux effectués sur l’église de la Nativité, notamment la restauration du toit, des façades extérieures, des mosaïques murales et des portes de la basilique. Il s’est également félicité de l’abandon du projet de tunnel de la place de la Crèche et de l’adoption d’un plan de gestion de la conservation du site.

Le Lieu de naissance de Jésus : l’église de la Nativité et la route de pèlerinage, Bethléem (Palestine), est situé à 10 km au sud de Jérusalem, sur les sites que les Chrétiens reconnaissent traditionnellement, depuis le IIe siècle, comme le lieu de naissance de Jésus. Une église y a été construite en 339 et l’édifice qui lui a été substitué après un incendie survenu au VIe siècle conserve des vestiges du sol du bâtiment original, en mosaïques élaborées. Le site comprend également des églises et des couvents grecs, latins, orthodoxes, franciscains et arméniens ainsi que des clochers, des jardins en terrasses et une route de pèlerinage.

Inscrit en 2012 sur la Liste du patrimoine mondial, le site a été ajouté simultanément à la Liste du patrimoine en péril en raison de la dégradation de l’état de l’église de la Nativité.

La Liste du patrimoine en péril est conçue pour informer la communauté internationale des menaces qui pèsent sur les caractéristiques qui ont motivé l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine mondial (conflits armés, catastrophes naturelles, urbanisation sauvage, braconnage, pollution…) et pour encourager des mesures correctives.

La 43e session du Comité du patrimoine mondia de l’UNESCOl se poursuit jusqu’au 10 juillet 2019


Raisons du classement de ce site par l’UNESCO
Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Bethléem s’étend à 10 kilomètres au sud de la ville de Jérusalem, dans les collines calcaires fertiles de Terre Sainte. L’emplacement où se dresse aujourd’hui l’église de la Nativité, à Bethléem, est reconnu au moins depuis le IIe siècle après J.-C. comme l’endroit où Jésus est né. La grotte particulière au-dessus de laquelle fut bâtie la première église est traditionnellement vénérée comme le lieu même de la naissance. En localisant la Nativité, le lieu marque à la fois les débuts du christianisme et représente l’un des sites les plus sacrés de la chrétienté. La première église basilicale de 339 après J.-C. (Sainte-Hélène), dont une partie subsiste sous terre, fut aménagée de sorte que son extrémité octogonale, côté est, offre une vue autour et au-dessus de la grotte. Elle est recouverte par l’actuelle église de la Nativité, érigée en grande partie au milieu du VIe siècle après J.-C. (Justinien), bien qu’ayant subi des transformations ultérieures. C’est la plus ancienne église chrétienne utilisée quotidiennement. Depuis le début de l’époque médiévale, elle a été progressivement intégrée dans un ensemble d’autres édifices ecclésiastiques, principalement monastiques. C’est ainsi qu’elle se trouve aujourd’hui enserrée dans un extraordinaire ensemble architectural que supervisent des membres de l’Église grecque orthodoxe, de la Custodie de Terre Sainte et de l’Église arménienne, conformément aux dispositions du Statu Quo des Lieux Saints établi par le traité de Berlin (1878).

Durant diverses périodes des 1 700 dernières années, Bethléem et l’église de la Nativité ont été et restent encore une destination pour les pèlerins. L’extrémité est de la route traditionnelle allant de Jérusalem à l’église, appelée communément ‘la route de pèlerinage’, marque le tronçon qui va de l’entrée traditionnelle de Bethléem, près du puits du roi David, à l’église de la Nativité, et longe la rue de l’Étoile en passant par la porte de Damas ou Qos Al-Zarara, porte historique de la ville, en direction de la place de la Crèche. La route continue d’être célébrée comme le chemin historique censé avoir été emprunté par Joseph et Marie dans leur voyage à Bethléem lors des cérémonies de Noël chaque année et c’est l’itinéraire que suivent les patriarches des trois confessions selon le cérémonial de leurs noëls respectifs et dans leurs visites officielles à Bethléem.

La valeur universelle exceptionnelle de ‘l’église de la Nativité et la route de pèlerinage, Bethléem’, réside dans son association avec le lieu de naissance du fondateur d’une grande religion qui, pour les croyants, a vu le Fils de Dieu fait homme à Bethléem.

Et dans la manière dont le tissu de l’église de la Nativité et ses associations se sont combinés depuis plus de 1 500 ans pour refléter l’influence extraordinaire de la chrétienté en termes spirituels et politiques.

Critère (iv) : L’église de la Nativité offre un exemple éminent d’une église, parmi les premières, insérée dans un ensemble architectural remarquable, qui illustre deux périodes significatives de l’histoire humaine du IVe au VIe siècle après J.-C. : la conversion de l’empire romain au christianisme, qui conduisit à la création de l’église de la Nativité sur le site supposé associé à la naissance de Jésus, et de la puissance et de l’influence du christianisme à l’époque des croisades, qui conduisit à l’embellissement de l’église de la Nativité et au développement de trois grands couvents dans les environs.

Critère (vi) : L’église de la Nativité et la route de pèlerinage qui y mène sont directement associées à la naissance de Jésus, un événement d’une signification universelle exceptionnelle, au travers des édifices érigés au IVe siècle après J.-C. et reconstruits au VIe siècle après J.-C.. Ces éléments sont un symbole fort pour plus de deux milliards de croyants chrétiens à travers le monde et sont des lieux saints pour les chrétiens comme pour les musulmans.

Intégrité

Le bien englobe l’église de la Nativité et son ensemble architectural qui se compose des couvents arménien, franciscain et grec orthodoxe, ainsi qu’une portion de terrains en terrasses à l’est et une courte section de la route de pèlerinage. Il comprend donc tous les bâtiments qui forment le centre du pèlerinage et la grotte supposée être le lieu de naissance de Jésus.

La petite portion de terrain à l’est qui est directement associée à l’ensemble est connue pour contenir des preuves encore non examinées systématiquement et largement épargnées d’occupation et d’enfouissement depuis les premiers siècles après J.-C. à remonter au moins au milieu du deuxième millénaire avant J.-C..

L’approche de l’église par la rue de l’Étoile et la rue Paul VI conserve la largeur de la rue et la ligne fossilisée par le développement urbain depuis environ 1800 après J.-C.. Ces ‘largeur et ligne’, tout en définissant une rue active dans une ville affairée, formalisent maintenant une route commémorative pour une cérémonie religieuse. Les bâtiments traditionnels en pierre calcaire jaune des XIXe et XXe siècles de part et d’autre de cette route intègrent une conception et une apparence traditionnelles, avec des habitations au-dessus et des ateliers au rez-de-chaussée donnant sur la rue. Ils ne font pas partie du bien mais ont besoin d’être protégés et conservés comme partie intégrante de l’approche de l’église.

La structure du toit de l’église principale est extrêmement vulnérable en raison de l’absence d’entretien et de réparation. La forte augmentation du nombre de véhicules, les conditions de stationnement inadéquates et la présence de petites industries dans la ville historique ont contribué à polluer l’environnement, ce qui a un impact négatif sur les façades de l’église de la Nativité et celles des bâtiments le long de la route de pèlerinage.

Une forte pression urbaine est constatée dans les zones urbaines environnantes, à laquelle contribuent amplement la circulation et le tourisme non réglementés. De nouvelles constructions, dont certaines imposantes, perturbent le tissu urbain traditionnel près de l’église de la Nativité et ont un impact négatif sur les vues sur le bien et à partir de celui-ci, tout comme sur l’esprit des lieux et leurs associations spirituelles.

Authenticité

Située à l’endroit censé être le lieu de naissance de Jésus-Christ depuis quelque 2 000 ans, l’église de la Nativité est l’un des sites chrétiens les plus sacrés au monde au moins depuis le IVe siècle après J.-C. jusqu’à nos jours. Le caractère sacré du site est entretenu par les trois Églises qui l’occupent. La construction de l’église en 339 après J.-C. au-dessus de la grotte et sa reconstruction en 533 après J.-C. commémore la naissance de Jésus et en témoigne selon une tradition de dix-sept cents ans qui veut que cette grotte soit effectivement le lieu de naissance de Jésus-Christ.

L’association du site avec l’endroit supposé être le lieu de naissance de Jésus est documentée depuis le IVe siècle après J.-C. et, depuis lors, les bâtiments qui y ont été ajoutés ont été érigés pour mettre en valeur cette signification religieuse. L’église principale date en grande partie du VIe siècle, mais elle conserve un sol du IVe siècle et des modifications du XIIe siècle et plus tardives comme le mettent en évidence les peintures d’icônes sur les colonnes. Les ajouts du XIIe siècle sont une manifestation des croisades qui entraînèrent l’une des recrudescences de l’activité de pèlerinage.

Depuis le Moyen Âge, l’église a été soutenue par des communautés monastiques, ce qui est attesté par de solides témoignages matériels. Les bâtiments de l’un des ensembles conventuels remontent au moins au XIIe siècle tandis que sous d’autres ensembles certains éléments indiquent l’existence d’anciennes constructions monastiques datant du XIIe siècle. Hormis le couvent arménien, la plupart des structures actuelles ont été édifiées du XIXe au XXe siècle.

Tous les éléments de l’église associés à l’église originale, sa reconstruction au VIe siècle et ses modifications au XIIe siècle nécessitent d’être clairement identifiés et un plan de conservation adopté afin d’assurer autant que possible dans les réparations et la restauration le respect du tissu existant qui est indispensable pour en saisir la portée.

L’église de la Nativité avec ses édifices monastiques et la ville de Bethléem se sont développées en formant un tandem au fil des siècles. L’absence actuelle de contrôle du développement, de la circulation et du tourisme aux abords immédiats de l’église compromet cette relation et la capacité du bien à transmettre pleinement ses liens spirituels. Le nombre exceptionnellement élevé de personnes présentes à la fois dans l’église de la Nativité a un impact négatif sur la conservation de son tissu. La forte augmentation du nombre de véhicules, les conditions de stationnement inadéquates et les petites industries implantées dans la ville historique ont contribué à polluer l’environnement, ce qui affecte négativement les façades de l’église de la Nativité et celles des bâtiments le long de la route de pèlerinage.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

L’église de la Nativité est gérée conformément aux termes et aux dispositions du ‘Statu Quo sur les Lieux Saints’ mis en œuvre par les trois Églises occupant les lieux : l’Église grecque orthodoxe, la Custodie de Terre Sainte et le Patriarcat arménien. La gestion est actuellement complétée par un comité consultatif formé par le Président palestinien. Chacun des trois couvents contigus est entretenu selon ses propres dispositions : le couvent arménien est contrôlé par le Patriarcat arménien de la ville sainte de Jérusalem, le couvent grec orthodoxe par le Patriarcat grec orthodoxe de la ville sainte de Jérusalem et le couvent franciscain et l’église de Sainte-Catherine par la Custodie de Terre Sainte, ville sainte de Jérusalem.

Un plan technique pour la restauration de la toiture de l’église de la Nativité a été élaboré par le comité consultatif qui a été formé par le Président palestinien en totale coopération avec les trois confessions en charge de l’édifice. L’intervention visant à restaurer le toit de l’église a été jugée prioritaire par l’équipe internationale qui a travaillé sur le plan et les travaux devraient commencer dans le courant de l’année.

Il convient d’élaborer une stratégie de conservation de l’église de la Nativité pour guider la réparation et la restauration de la toiture et les futures interventions de conservation afin d’optimiser le maintien du tissu relatif aux interventions des IVe, VIe et XIIe siècles. Cette stratégie devrait synthétiser les conclusions des rapports d’enquêtes circonstanciés sous la forme d’une déclaration claire sur l’importance des divers éléments de la toiture considérée sous l’angle d’une philosophie globale de la conservation applicable aux travaux proposés. Il convient également d’établir des plans de conservation pour les autres bâtiments ecclésiastiques.

La seconde composante principale, la route de pèlerinage, principalement la rue de l’Étoile, fait partie de la Municipalité de Bethléem et est donc couverte par les dispositions de la ‘Building and Planning Law 30, 1996’, de la ‘Charte de Bethléem - 2008’, des ‘Orientations pour la conservation et la réhabilitation des villes historiques de Bethléem, Beit Jala et Beit Sahour, 2010’ et des ‘Règles générales pour la protection de la zone historique et des bâtiments individuels historiques, Bethléem, 2006’. « Protection », « Conservation » et « Réhabilitation » sont les objectifs déclarés des deux derniers textes législatifs et la ‘Charte’ qui représente une déclaration de principes ainsi que des pratiques de travail pour atteindre ces objectifs. Néanmoins, des contrôles plus rigoureux s’imposent pour assurer que le contexte urbain du bien ne soit pas érodé. Cette zone est maintenant une ‘zone en cours d’aménagement’ où toute intervention est interdite jusqu’à l’adoption du plan de gestion et de conservation et des statuts qui sont actuellement préparés au CCHP, en coopération avec la Municipalité de Bethléem et le MdTA.

Un plan de gestion sera élaboré pour l’ensemble du bien par le Comité mis en place pour superviser les travaux de réparation de la toiture, ce qui devrait définir un système de gestion d’ensemble du bien. Ce plan devra prendre en compte la pression urbaine sur le bien, la gestion du tourisme et la circulation, la protection des vues et la conservation des bâtiments le long de la route de pèlerinage. Il devra également chercher à améliorer l’accueil des visiteurs, car l’offre de dispositifs pour les visiteurs a des répercussions néfastes sur le tissu de la ville environnante.

La Municipalité de Bethléem et le Centre pour la préservation du patrimoine culturel à Bethléem, en coopération avec le Ministère du Tourisme et des Antiquités et le Ministère de l’Administration locale travaillent à la préparation des plans de conservation et de gestion de la ville historique de Bethléem. Les travaux qui s’inscrivent dans le cadre du projet patrimonial pour le développement que finance la Commission européenne, devraient prendre fin en décembre 2013. Une fois ces travaux achevés, un plan de conservation de la ville historique de Bethléem incluant les statuts d’intervention dans la ville historique, un plan de gestion pour la ville historique et un manuel des interventions, sera adopté par la Municipalité de Bethléem. En outre, l’équipe municipale est engagée dans le processus de planification et devrait avoir l’entière capacité de manipuler les résultats du projet.