Message de Sa Sainteté le Pape au Directeur général de l’UNESCO à l’occasion du Congrès mondial des ministres de l’Éducation sur l’élimination de l’analphabétisme

« L’alphabétisation, source incomparable de progrès » : Message de Paul VI à René Maheu pour préparer le Congrès de Téhéran

Rome, 26 Août 1965

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Alors que René Maheu s’apprête à présider le Congrès mondial de Téhéran du 8 au 19 septembre 1965, le Pape lui écrit pour lui dire combien cette événement lui semble important et pour lui annoncer qu’il envoie Mgr Giovanni Benelli, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO pour y participer. À travers ce message le Pape Paul VI met en exergue combien l’alphabétisation est essentiel au développement du sens critique et de la spiritualité des peuples. Ce congrès est cité dans l’encyclique Populorum progressio au n. 35.

Monsieur René Maheu,
Monsieur le Directeur général de l’UNESCO,

Nous vous sommes très obligé de votre courtoise lettre invitant le Saint-Siège à participer au Congrès mondial des ministres de l’Éducation, sur l’élimination de l’analphabétisme, qui, en application de la résolution adoptée par la Conférence de l’UNESCO, se tiendra prochainement à Téhéran. En nous faisant représenter à cette Conférence par une délégation dirigée par Notre cher fils, Mgr Giovanni Benelli, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO, Nous entendons manifester l’importance que Nous attachons à ces assises, souligner l’espoir qu’elles marquent une étape décisive dans la lutte contre l’un des grands fléaux de notre temps, et attester que, pour sa part, l’Eglise catholique, tout en accomplissant sa mission religieuse, ne cesse de travailler à hausser le niveau culturel et social des hommes auxquels elle présente son message, sans distinction aucune de race, de classe ni d’origine.

Si des peuples ont pu certes, dans le passé, atteindre une véritable culture sans recours à l’écriture, et si aujourd’hui les moyens de communication audio-visuels offrent en ce domaine de vastes possibilités, qui pourrait nier l’apport irremplaçable procuré par l’alphabétisation, source incomparable de progrès pour les personnes comme pour les sociétés ? C’est pour l’homme un facteur primordial d’intégration sociale aussi bien que d’enrichissement personnel, de valorisation professionnelle, et d’éducation permanente, en même temps qu’un instrument privilégié de progrès économique et de développement pour la société. Et –il convient de le souligner– sans alphabétisation, l’homme ne saurait accéder aux immenses richesses des littératures orientale et occidentale, et chacun sait la place particulière qu’y tient la Bible. Il ne saurait non plus parvenir à cette aptitude au jugement et à cette maîtrise de la pensée qui, en lui permettant de dominer par la réflexion informations et propagandes, le rendent vraiment libre, capable d’assumer son destin, et de s’engager dans la vie sociale d’une manière pleinement lucide et délibérée.

C’est dire que, pour atteindre pleinement ses objectifs, l’alphabétisation ne saurait demeurer un processus isolé, comme une pure technique, mais qu’elle doit être intégrée au dynamisme global de la promotion de la personne. Cet idéal a d’ailleurs inspiré l’action de l’Église au cours des siècles et l’a poussée –non sans efforts ni sacrifices– à propager la lecture et l’écriture, tout en annonçant l’Évangile du Christ. Aussi est-ce avec joie qu’elle collabore aujourd’hui avec les organismes nationaux et internationaux –l’UNESCO tout particulièrement– pour apporter aux masses analphabètes (le notre monde les possibilités d’épanouissement humain et social qui leur sont actuellement interdites. Car il s’agit là d’un développement intégral de l’homme et de l’humanité, visant à ouvrir à chacun le chemin de la vérité, aussi bien la vérité de la science –facteur majeur de la culture et de progrès économique et technique– que la vérité morale et spirituelle, seule capable de combler ses plus hautes aspirations.

La Conférence de Téhéran, Nous le souhaitons vivement, provoquera sans nul doute, par ses travaux comme par leur résonance dans l’opinion publique internationale, une prise de conscience accrue de ce grave problème, et suscitera une volonté commune de le résoudre par les moyens appropriés. Ce sera l’honneur de l’UNESCO de l’avoir permis, et les peuples demeureront reconnaissants à Sa Majesté impériale le Chahinchah Mohanimed Reza Pahlavi, empereur d’Iran, d’en avoir été le promoteur et d’en faciliter la réalisation.

Aussi est-ce de grand cœur que Nous formulons les meilleurs vœux pour vous-même, pour M. le Président de la Conférence, le noble peuple qui l’accueille, les délégations hautement qualifiées qui la composent, et que Nous appelons sur tous les efforts consacrés à l’élimination de l’analphabétisme l’abondance des célestes bénédictions.